Palmiers, wingdings, couleurs tarot et collages rétro, autant de références aux naufrages qu’aux vacances – le premier thème pour lequel Atelier Brenda & Amélie Bakker ont conçu notre identité visuelle rassemble des éléments graphiques variés sur autant de supports différents. Un fax annonce la transition numérique. « Graphiquement, on ne voulait pas avoir la main trop lourde. La solitude peut souvent être perçue comme quelque chose de négatif, mais 'O Solitude' était une ode, une célébration. »

Quelques mois après la grande Marche des femmes, les concepteur·ices ont décidé de passer leur propre affiche à la bombe. Le logo reçoit deux oreilles de chat sur le 'g'. « Le féminisme appartient à tous·tes, et nous trouvions qu'il était important de respecter la touche individuelle de chacun·e ». La police de caractères a également résisté à certaines règles bien établies : des glyphes, des glitchs et des tweaks surgissent entre et à travers les lettres. « Le programme portait également sur le fait que les grandes luttes se cachent aussi dans les détails, avec toute la charge politique que cela implique ».

« On voulait faire simple: juste des lettres. Mais il s'est avéré difficile de se défaire de nos habitudes et on s'est mis à utiliser les lettres comme des illustrations ».

Pas de thématique, mais un focus sur différentes disciplines et différents espaces, dû en partie à l'ouverture du nouvel espace d'exposition : « On a choisi de ne travailler qu'avec la couleur et la typographie. Il y avait aussi le festival Tashweesh, qui avait déjà sa propre identité. Tout est donc devenu vert avec les touches métalliques de Tashweesh ».

Cet été-là, le rooftop s'est rempli de fans de football pour un programme de films, de matchs, de performances, de concerts et de DJ sets. Les concepteur·ices se sont également amusé·e·s à reprendre les formes et les couleurs des maillots de foot, des terrains et des buts.

Des lettres tentaculaires, des feuilles holographiques et des illustrations à main levée ont fourni une approche ludique et abstraite à un programme qui remettait en question la normativité.

« Le design le plus conceptuel qu'on ait réalisé. Depuis la ville suffocante, on monte les escaliers jusqu'au rooftop-paradis. L'affiche était un line-up sous la forme d'un 'stairway to heaven' ». Ce ne sera pas la dernière fois que les célèbres escaliers joueront un rôle déterminant dans la conception graphique.

Que peut signifier l'amour au-delà des clichés romantiques ? « Alors qu'on tenait absolument à les éviter dans les identités précédentes, on a fait appel à de nombreux clichés pour ce style. Des cœurs et de l'art optique, des grilles et des illusions d'optique dans un noir et blanc contasté, parce que l'amour peut être abstrait lui-aussi, voire même s'avérer être une illusion ».

À l'heure des fake news et de la persistance des structures de pouvoir coloniales, ce programme devait rassembler des savoirs oubliés, méconnus et intuitifs. Devait, parce qu'à la venue du printemps, presque toutes les façons de se rassembler étaient empêchées. « Nous avons réalisé un livret dans le même format que les anciens programmes du Beursschouwburg, qui ferait à la fois office de programme, de calendrier, de journal et d'album photo. On trouvait le thème assez difficile, complexe et multiple. On a mobilisé les couleurs orange et argent des chemises de travail et des cônes de signalisation. En créant des résonances entre les grilles, l'écriture en miroir et le papier craie, le livret s'est avéré aussi multiple que le programme. Qu'est-ce qui est encore caché, qu'est-ce qui est déjà visible ? »

En cherchant et en ondulant, nous avons essayé de faire des plans avec des artistes qui nous avaient manqué·e·s en temps de pandémie.

Un programme sur le fait d'être en mouvement, d'endurer, de continuer, de se reposer, d'accélérer, de s'arrêter et d'errer : « Tout d'abord, nous voulions trouver la paix avec notre design, et exprimer le fait que les choses puissent prendre du temps. Des polices à l'aspect vieilli, fines puis épaisses, à l'image de cette période d'enfermement, où le temps semblait lent et rapide à la fois, mais surtout intense ».

« Au lieu de concevoir une nouvelle identité visuelle à partir de zéro, nous avons essayé de rompre avec cette habitude en utilisant des éléments des thèmes précédents d'une autre manière. Une sorte de remix dans lequel nous laissions les titres, les couleurs, les tags, les grilles, les logos des styles précédents s'assembler dans différentes combinaisons. C'est aussi une façon durable de réutiliser ce qui a déjà été fait pour en créer quelque chose de nouveau. Une stratégie pour taquiner, remodeler et réinventer nos méthodes de conception habituelles. »

Ce programme s'intéresse à la façon dont nous pouvons nous souvenir, refaire, réécrire et nous approprier les mythes. À l'aide de Comic Sans, apparemment.

Un programme sur le refus, l'autodéfense et l'émeute.